Non, je n'atteindrai pas ce que j'avais
défini comme mon grand objectif de ce début 2018 : Ushuaïa,
« la fin du monde ».
T'es déçu? Lo siento amigo, mais plusieurs raisons à cela. Et si ça
t'intéresse pas tu peux arrêter la lecture ici, car ce qui suit
relève plus d'un monologue intérieur avec moi-même... je te
préviens pas de photo ;)
Bref, le déclencheur de cet abandon,
ou plutôt de ce changement de plan, fut donc ma 2e chute, sur la
« route » (ou plutôt
chemin-de-ripio-de-m***-casse-gueule-pour-les-motos) entre Raul Marin
Balmaceda et La Junta.
Autant ma toute première chute entre
Malargue et Chos Malal sur la RN40 ne m'avait pas affectée
bizarrement – c’était quand même ma première chute dans
ma vie à 2 roues, donc ça aurait pu... - autant celle-ci m'a énormément mis le doute quant à la suite de mon aventure avec Qispy.
Et pourtant le scenario était le même, je ne me suis pas fait plus mal, il y a juste le décor qui a
changé... Mais pfiouuuuu, mon moral en a pris un coup !
C'est pas compliqué arrivée à La
Junta, je ne voulais plus entendre parler d'Ushuaia, de ripio, de
Carretera Austral, de voyage à moto!
Après une bonne douche, une bonne
nuit de sommeil ça allait mieux. Mais le trajet entre Puyuhuapi et
le croisement à Puerto Cisnes, digne parfois du Dakar, m'a couté et
je ne l'ai pas kiffé. Et j'ai commencé à me dire que si je kiffais
pas l'aventure, ça allait être problématique...
J’arrête pas de dire aux gens que je rencontre que même après quasi 2 ans – 2 ans !!! - je kiffe
tellement ce voyage que je n'ai aucune envie d'arrêter et de rentrer
en France; alors si mon mode de déplacement commence à plus être un fardeau qu'un kif...
Au fait, pourquoi je voulais aller à Ushuaïa initialement?
Comme une grand partie des gens c'était
pour aller piétiner ce bout de terre qui est soit-disant « la
fin du monde »**.
Mais après quelques mois de voyage en bus,
sachant que le trajet pour atteindre Ushuaïa depuis je ne sais pas
quel coin d'Argentine ce serait trèèèèèèès long et trèèèèèès
cher, j'ai commencé à me dire qu'après tout ça valait ptét pas le
coup...
Je ne comptais pas me payer une
traversée vers l'Antarctique – un jour peut-être... - ni même
une traversée vers le Cap Horn, éventuellement j'y aurais cherché un
voluntariado et encore. Donc tout ce chemin pour prendre la pause à
côté du fameux panneau , bof...
LE panneau pour prendre LA photo... merci Google! |
C'est pas la philosphie de mon voyage,
j'ai pas envie d'aller à un endroit juste pour dire j'y suis allée
et... nada mas !Surtout que même si je n'étais plus qu'à 1000 km, ça n'aurait pas été de toute facilité.
Mais quand j'ai acheté Qispy, que je
m'imaginais sillonner les belles routes de Patagonie – hummm hummm
.. - là c'est revenu dans ma liste de destinations, en tant que
« défi de motarde ».
Oui, Ushuaïa, comme me le disait un
motoquero colombiano, et comme je peux le constater avec tous les
motoqueros connus sur les réseaux sociaux, c'est une des « Mecque »
des motards, un des défis ultimes à 2 roues.
Et tu le vois bien avec tous les
stickers qu'il y a dans les stations service : pour la
majorité, c'est l'expédition de l'année, voire d'une vie,
et ils ne se préparent que pour ça.
Sauf que, suite à ma 2e chute, j'ai
réalisé que moi je n'étais pas une motarde, mais plus une
« voyageuse à moto ». Tu vois pas la différence ?
Disons que Qispy je l'ai acheté pour
continuer mon voyage et découvrir avec plus de liberté qu'en bus ce
qui me reste à parcourir d'Amérique du Sud , en roulant 2-3
jours max entre 2 voluntariados. Je l'ai acheté pour me faire
plaisir – et c'est là le point le plus important - mais pas pour
relever des « défis de motard » comme parcourir toute la
RN40, toute la Carretera Austral ou la Panam, ou
comme atteindre Ushuaïa après des milliers de km à affronter vent -
– le mistral à côté c'est rien du tout !!! - le froid, la
pluie... sans parler des tronçons de
ripio-de-m***-casse-gueule-pour-les-motos qui seront toujours là où
on s'y attend pas !
J'ai eu beau passer beaucoup de temps
pour préparer mon itinéraire – ce que je ne fais que rarement, pour pas dire jamais–
avec toutes les étapes essence/dodo, je pense que je n'étais pas
assez préparée pour relever ce le défi.
Peut-être dans le futur
avec une autre moto – plus adaptée, avec une charge mieux
répartie – plus d'expérience, et surtout avec un groupe ou au moins
un.e motard.e pour m'accompagner :)
En plus, même si en théorie j'ai tout
le temps que je veux, là je m'étais fixé une limite qui est celle
de remonter vers Bariloche (voire un peu plus
au nord, sortir de la Patagonie) fin-mars, max première quinzaine d'avril avant que le
climat soit vraiment moche.
Du coup, ça changeait totalement ma
façon de voyager et j'ai compté quasi 1 mois et demi à rouler
presque tous les jours, sans prendre le temps de faire une pause
volontariat dans un quelconque lieu , à part les quelques jours
de rando à El Chalten...
Et puis j'ai aussi capté
que la Patagonie comme je l'imaginais, je l'ai déjà vue et
appréciée vers Villa Pehuenia et Bariloche, des lacs,
des cerros enneigés mais avec un climat clément (en été), pas des
conditions climatiques extrêmes si j'ose dire. Sur ce point-là je
manquais certainement de préparation...
Bref, beaucoup de doutes qui
sont venus à moi et m'ont fait remettre en question ce que je voulais
vraiment.
Donc je n'atteindrai
peut-être pas l'objectif « cap sur Uhsuaia » avec Qispy,
mais je peux quand même continuer (fièrement) mon voyage à 2 roues,
car ma petite moto paraguayenne m'a emmenée assez loin dans la
Patagonie, et m'emmènera encore sur des milliers de km jusqu'à
retourner dans sa terre natale :)
Sans compter que je fais des
économies en terme purement financier disons-le, mais surtout physiquement, mentalement et en terme de temps : j'ai calculé
que je m'épargne dans les 2000km aller-retour jusque Ushuaïa - si loin, et pourtant si proche... - et
une dizaine de jours, non négligeable :)
** Ushuaia, la « fin
du monde ? »
Attention les arguments
suivants sont ceux que je m'expose, notamment pour moins regretter
mon changement de plan, c'est donc trèèèèèès subjectif ^^
Déjà s'il c'est la
« fin », où est le début ? J'ai beau être très
chauvine, je ne prétendrais jamais que c'est Marseille par exemple,
jajaja
Plus sérieusement, pour moi
c'était plus la « fin du continent américain » ...
mais même pas, car Ushuaia c'est sur une île ! Donc en fait la dernière ville la plus au sud du continent américain c'est Punta
Arenas, au Chili !
Et à ce moment si tu
englobes toutes les îles de la Tierra del Fuego, alors Ushuaia, se
fait voler le statut de « fin du monde » par le bled
chilien de Puerto Williams, situé en face sur l'ile de Navarino.
Et d'ailleurs je sais pas si
c'est une raison mais la traversée entre Ushuaia et Puerto Williams
– même pas 2h je crois – ça coûte une blinde : US$ 120
aller et US$220 aller-retour !!! Et impossible de traverser avec
un véhicule.
Donc les argentins en plus
d'être forts en marketing, ils font tout pour empêcher les touristes
d'aller voir la « vraie » « fin du monde »,
jajaja
J'apprécie ton dialogue intérieur et les idées que tu exposes sont très claires et argumentées. Tu as mûri ma fille et tu as raison. Tant pis pr Ushuaia, l'essentiel est que tu continues à kiffer ton periple.
RépondreSupprimervieux motard que jamais !!! et c'est moi un ancien motard qui le dit ! sur deux roues et exposée aux intempéries et autres mauvaises surprises......PRUDENCE ++++++++++ un vrai 4X4 et des cours de pilotage en tout terrain et tu sentiras la différence :.BANZAI
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